Nationalité | Espagnol, Galicien ? |
Origine | – |
Alias | Vasco Gallego [1] Vasco Gomes Gallego [2] Velasco Gallego [3] Basco Gallego [16] |
Navire | Victoria |
Fonction | Pilote |
Note(s) | Père de Vasquito (Victoria – Page) |
Destin | Décès (28/02/1521) |
Vasco Gallego décède de maladie lors de la traversée du Pacifique. |
Bien que Vasco Gallego ait fait partie des Pilotes Royaux (Piloto Real), une fonction réservée à une poignée d’hommes à qui la Casa de Contratación versait un salaire annuel, on sait très peu de choses à son sujet.
Ses origines par exemple, sont inconnues.
Sa fonction de Pilote Royal fait qu’il n’est pas inscrit dans les listings d’équipages ; sa ville d’origine ou le nom de ses parents sont absents des registres
Jules Verne le dit Portugais, [4] ce qui est probablement faux.
En effet, dans un courrier adressé au roi et daté du 30 juin 1519 (soit moins de trois mois avant le départ de l’expédition de Magellan), João Rodrigues Serrão, Andrés de San-Martín, Juan Rodríguez de Mafra et Vasco Gallego demandent pour la seconde fois à être rétribués comme João Lopes Carvalho et, de manière générale, comme les pilotes portugais qui servent dans les expéditions vers les Indes. [5] Ce qui tendrait à prouver qu’il n’était pas Portugais, même si ceci demeure incertain dans la mesure où Serrão (cité de son nom hispanisé Serrano) était bien Portugais.
Il est possible aussi que l’écrivain français l’ait confondu avec un homonyme.
Il existait sur la Trinidad un mousse nommé Vasco Gómez Gallego (a priori un Portugais clandestin, qui avait caché sa véritable nationalité). Il survécut au voyage et fut probablement l’auteur du journal connu sous le nom de « Récit du Portugais anonyme, compagnon de Duarte Barbosa ». D’ailleurs, l’historien portugais José Maria de Queirós Veloso nomme par erreur le pilote de la Victoria « Vasco Gomes Gallego ».
Plus gênant est la possible confusion avec un autre pilote, Portugais, et venu en Espagne avec Magalhães : João Lopes Carvalho. Comme le rapporte l’historien belge Jean Denucé, il est parfois connu sous le nom de Vasco Gallego de Carvalho (ou Carbalho)
Ainsi, lorsque Miguel de la Puente y Olea parle des projets d’exploration pour découvrir le Passage du nord-ouest, il précise que deux pilotes sont en vue : Vasco Gallego et Sebastián Caboto, arrivés peu de temps auparavant d’Angleterre. [6] Mais qui est ce « Vasco Gallego », qui est de nouveau cité plus tard comme n’ayant pas participé à une expédition pour Castilla del Oro (1514) ?
Son nom lui-même pose question.
Le terme « Vasco » peut désigner un Basque, mais c’est également un nom ibérique, notamment porté par les illustres Vasco de Gama (navigateur portugais, le premier Européen à avoir rallié les Indes par le cap de Bonne-Espérance, en 1498) ou Vasco Núñez de Balboa (explorateur espagnol, le premier Européen à avoir aperçu l’océan Pacifique depuis les montagnes du Panama, en 1513). Pour ne rien arranger, Jean Denucé signale qu’il a signé son testament « Velasco Gallego », Velasco étant un prénom d’origine basque. Cependant, le fait que son fils soit nommé « Vasquito » laisse à penser que son nom était bien Vasco.
Le terme « Gallego » désigne un Galicien en castillan. Mais l’était-il pour autant ? À l’époque, en dehors des nobles et des bourgeois, les personnes du peuple n’avaient pas systématiquement de noms de famille et on leur adjoignait comme « nom » leur ville ou région d’origine. Tomás Mazón Serrano le considère en tout cas comme originaire de Galice.
De plus, selon l’historien espagnol Juan Gil Fernández, Vasco Gallago était analphabète [7] (et ne savait donc a priori pas écrire son nom).
Comme le précise l’universitaire et historien de la mer Pablo Emilio Pérez-Mallaína, des marins analphabètes sont devenus des pilotes aguerris, car le fait de ne savoir ni lire ni écrire ne les empêchait nullement d’être intelligents, et l’expérience acquise lors de multiples voyages leur permettait de compenser aisément leur manque de savoir théorique. Certes il fallait au pilote prendre des mesures à l’aide d’instruments, et effectuer des opérations mathématiques pour se repérer. Mais ces mesures, à l’époque, demeuraient peu précises et fiables, si bien que l’expérience de la navigation venait compléter, voire prendre le pas sur ces mesures. [8]
Cependant, sur son site RutaElcano, Tomás Mázon Serrano propose une frise où l’on peut voir la signature de Vasco Gallego. Savait-il au moins écrire son nom ? S’agit-il de lui, ou de Carvalho, ou de Gomes Gallego ?

Par la cédule du 12 juillet 1514, la roi Ferdinand II « Le Catholique » (Fernando II el Católico) informe la Casa de Contratación que Vasco Gallego est incorporé au sein des pilotes royaux.
On trouve dans cette liste d’autres pilotes de l’expédition : Andrés de San Martín, Juan Rodríguez de Mafra, João Rodrigues Serrão (Juan Serrano) et Estêvão Gomes (Esteban Gomez). Mais aussi d’autres personnages illustres de leur temps :
– Juan Vespucci, cartographe et neveu d’Amerigo Vespucci (il sera notamment convoqué comme expert au congrès de Badajoz de 1524, qui doit trancher les revendications espagnoles et portugaises concernant les Moluques [9] ).
– Andrés Niño, un habile pilote, notamment connu pour son exploration de la côte Pacifique de l’Amérique centrale.
– Sébastiano Caboto, fils de Giovanni Caboto, qui exerça ses talents alternativement pour l’Espagne et l’Angleterre. Qualifié de « piloto mayor », il percevait une solde équivalente au double de ses congénères, ce qui confirme l’importance du personnage.
Dans les mois qui précèdent le départ, San Martín, Mafra, Serrão et Gallego vont faire par au roi d’une surprenante revendication : ils souhaitent que leurs émoluments soient alignés sur ceux de leur camarade João Lopes Carvalho, et sur ceux des pilotes portugais en général, soit 3 000 maravédis par mois pendant la durée de l’expédition (en plus de leur charge annuelle).
Cette demande, effectuée à deux reprises (dont la seconde le 30 juin 1519), sera refusée. Néanmoins, lesdits pilotes bénéficient d’avantages subséquents : paiement anticipé d’une année de solde, exemption de loyer à Séville et privilège de chevalerie. [10]
Vasco Gallego touche ainsi, avant même le départ de la flotte, 45 000 maravédis. [11]
Lors du départ de la flotte de Séville, le petit Vasquito, fils de Vasco Gallego, se trouve à bord de la Victoria. Différentes versions existent.
Les documents d’époque stipulent qu’il « allait et venait sur le navire » et qu’il embarqua « sans avoir été inscrit dans les registres ». Magellan, estimant qu’il devait mériter son salaire, le nomma page sur le navire de son père. [12] Cependant, il est impossible de savoir s’il profita de la liesse du départ pour s’embarquer ou bien s’il se retrouva bien malgré lui à bord au moment où l’on largua les amarres.
Selon Tomás Mazón Serrano, l’embarquement aurait été tout à fait volontaire : Vasco Gallego souhaitait que son fils acquière de l’expérience et le fit embarquer comme page. Ceci semble contradictoire avec les documents d’époque, sauf si le pilote a clandestinement fait embarquer son fils et mis Magellan devant le fait accompli (mais ceci n’est que spéculation). [13]
Lors de l’éprouvante traversée du Pacifique, il est possible que Vasco Gallego ait cédé tout ou partie de ses rations à son fils. C’est en tout cas la thèse que soutiendrait le Cdt Olivier Prunet, même si cette information est à prendre avec précaution.
Dans la transcription de son colloque du 2 mai 2012, le Cdt Prunet précise que « les mousses embarqués sur les navires de Magellan l’étaient avec leurs pères et pour Diego Callego (sic), il est sûr que son père lui a donné ses rations ». Or, Diego Gallego, qui a survécu au voyage, était un matelot de la Victoria, dont les parents étaient déjà décédés avant qu’il n’embarque. [14] Il semble plus vraisemblable qu’il fasse référence à Vasquito. Mais ce n’est pas complètement certain.
Vasco Gallego décède de maladie (possiblement le scorbut, mais cela n’est pas précisé), le jeudi 28 février 1521, quelque part au milieu du Pacifique, par 13°N, à environ 1 000 km (540 NM) au nord-ouest d’Eniwetok, dans les îles Marshall.
Selon Tomás Mázon Serrano, son testament aurait été enregistré par Sancho de Heredia, le notaire de la Concepcion, ce qui signifierait que l’un des deux hommes a changé de navire à un moment quelconque (Vasco Gallego avait été enrôlé sur la Victoria, qui possédait son propre escribano en la personne de Martín Méndez). [15]
Vasco Gallego laisse derrière lui son fils Vasquito (a priori encore enfant), dont l’équipage va s’occuper et qui, lui, survivra au voyage.
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[1] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVIII, p.212 & p.217
Bernal, Declaración de las personas fallecidas en el viaje al Maluco (2014), #27
Bernal, Relación de la gente que llevó al descubrimiento de la Especiería (2014), p.20 & p.30
Verne, Les grands voyages et les grands voyageurs. Découverte de la terre – Chapitre II : Premier voyage autour du monde (1878), p.301
Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.236, 247 & 251
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #169
[2] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.464
[3] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.251
[4] Verne, Les grands voyages et les grands voyageurs. Découverte de la terre – Chapitre II : Premier voyage autour du monde (1878), p.301
[5] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.236
[6] Punte y Olea, Los trabajos geográficos de la Casa de Contratación (1900), p.113
[7] Gil, El libro de Marco Polo anotado por Cristóbal Colon. El libro de Marco Polo de Rodrigo de Santaella (1987), p.37 (XXXVII) ; cité par Pablo Emilio Pérez-Mallaína, historien de la mer, lors du Congreso Internacional de Historia « PRIMUS CIRCUMDEDISTI ME » (20-22 mars 2018)
[8] Pérez-Mallaína, Congreso Internacional de Historia « PRIMUS CIRCUMDEDISTI ME » (2018), p.193
[9] Vallín, Discursos leídos ante la Real Academia de Ciencias Exactas, Físicas y Naturales (1899), p.93
[10] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.236 ; citant José Toribio Medina Zavala, Archivos de India – Colecciôn, T.1, p.34 & Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia General de los hechos de los castellanos en las islas y tierra firme del mar Ocêano, Dec II, Liv. IV, ch. IX
[11] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXV, p.184-185
[12] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVIII, p.212
[13] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Vidas Epicas : Vasquito, El niño al que todos cuidaron
[14] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLVII, p.75
[15] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Versiones del Mapa : Carte interactive GoogleMaps
[16] Puente y Olea, Los trabajos geográficos de la Casa de Contratación (1900), p.217