Martín Méndez

Nationalité Espagnol – Andalou
Origine Séville (Andalousie, Espagne)
Alias Martín Méndez [1]
Martin Mendez [2]
Martín Méndes [3]
Navire Victoria
Fonction Notaire (Escribano), puis Comptable (Contador) [4]
Note(s) Fils de Pedro Méndez et Catalina Vázquez [5]
Destin Survivant – Prisonnier du Cap-Vert
  Fait prisonnier au Cap-Vert lors du voyage de retour de la Victoria, Martín Méndez est libéré quelques mois plus tard et rentre en Espagne.

 

Les différents documents liés à l’expédition Magellan-Elcano ne sont guère prolixes concernant Martín Méndez. Tout juste sait-on qu’il serait né à Séville de parents originaires de Salamanque. Son père Pedro décède assez jeune, et il est élevé par sa mère Catalina Vázquez en compagnie de son frère Hernán et de ses sœurs Isabel et Francisca (qui ont environ 11 et 8 ans en 1519). [6]
La famille vivait dans le quartier de San Martín. [7] Ce quartier n’existe plus aujourd’hui. [8] Il faisait partie des 29 collaciónes que comptait la ville au XVIe siècle. Il se situait plus ou moins dans l’actuel barrio de Feria, au nord du quartier historique (Casco Antiguo) de la ville, dans lequel se trouve la Iglesia de San Martín. [9]

Martin Mendez - Signature
Signature de Martín Méndez (escribano de la Victoria)

 

 

Martín Méndez embarque comme notaire (escribano) à bord de la Victoria.

Suite à la Mutinerie de Pâques, il est mandaté par Magellan (au même titre que Sancho de Heredia et Gonzalo Gómez de Espinosa) pour diriger les interrogatoires des marins du San Antonio. L’enquête se déroule du jeudi 19 au jeudi 26 avril 1520.

Dans le Détroit de Tous les Saints (Estrecho de Todos los Santos), Magellan consulte les officiers de la Victoria sur l’attitude à adopter : poursuivre vers les Moluques ou rentrer en Espagne. La missive est rédigée et signée par Leon de Ezpeleta (notaire de la Trinidad) le mercredi 21 novembre 1520 ; Martín Méndez en est notifié le jeudi 22.

Aux Philippines, lorsque João Carvalho est destitué, Méndez est officiellement nommé trésorier (tesorero) de la flotte.

Durant les neuf mois que l’expédition va passer dans les différentes îles d’extrême-orient, Martín Méndez va tenir un journal contenant les traités de paix avec les indigènes et diverses informations concernant les relations des Espagnols avec les locaux (notamment aux Moluques, où ils séjournent un mois et demi). [10]

Méndez se trouve à bord de la Victoria lorsque celle-ci quitte Tidore (Moluques), samedi 21 décembre 1521.

Sur le trajet du retour, la Victoria est contrainte de marquer un arrêt au Cap-Vert pour avitailler, bien que l’archipel soit une possession portugaise. Treize marins sont faits prisonniers, dont Méndez (à qui l’on confisque également son journal).

L’intervention du roi Carlos permettra leur libération.
Martín Méndez revient en Espagne le mercredi 15 octobre 1522.

 

À l’arrivée de la Victoria à Séville (08/09/1522), les possessions des marins sont triées et cataloguées. Dans cette liste, on trouve notamment une petite boîte, fermée, mais dont le capitaine Juan Sebastián Elcano possède la clef ; le contenu n’est pas précisé (peut-être n’a-t-elle pas été ouverte). Elcano remet également aux autorités un sac de clous de girofle, qu’il dit appartenir à Martín Méndez. [11] Le reste est principalement constitué de clous de girofles répartis dans différents sacs. Méndez conservait aussi dans ses affaires un taleguita et deux talengonitos appartenant à Vasquito (lui aussi demeuré prisonnier au Cap-Vert). [12]

Martín Méndez se voit également remboursé de 15 000 maravédis pour les frais occasionnés au Cap-Vert (lettre de paiement remise le 6 mai 1523). [13]

 

Ses services semblent avoir été très appréciés puisque le roi Carlos Ier lui attribue une rente de viagère de 200 ducats par an. [14]
Il se voit également octroyer des armoiries, comparables à celles reçues par Juan Sebastián Elcano. [15]

 

 

Quatre ans plus tard, une troisième expédition à destination des Moluques est organisée, avec à sa tête le Vénitien Sebastiano Caboto. La mission consiste principalement à déterminer les limites exactes du Traité de Tordesillas, [16] mais doit également laisser une colonie sur place pour affirmer les prétentions de l’Espagne sur ces îles.
À la demande du roi d’Espagne et empereur Charles Quint, Miguel de Rodas et Martín Méndez intègrent l’expédition, le premier comme pilote du navire amiral, le second comme lieutenant du capitaine (et semble-t-il comme « conjunta persona » de Caboto, [17] soit son égal). Méndez est également accompagné de son frère Hernán et de son serviteur Andrés de Villoria. [18] Cependant, Caboto n’approuve pas ce choix et, durant les préparatifs, ignore complètement Méndez, ce qui lui vaudra un rappel à l’ordre du roi.
La flotte quitte l’Espagne le 3 avril 1526, et la situation ne s’améliore pas. Lors d’un arrêt à La Palma (Canaries), Méndez et Rodas décident d’écrire à l’empereur par l’intermédiaire des fonctionnaires de l’île ; Francisco Rojas, l’un des capitaines de navire, se joint à eux. Cependant, Caboto est averti et empêche l’envoi du courrier, et met les trois hommes aux fers. [19]

Arrivé au Brésil, dans la région du Pernambouc, Caboto apprend que les régions intérieures du continent sud-américain sont extrêmement riches, et qu’il serait possible de les atteindre en remontant le Río de la Plata. Le Vénitien décide de mettre sa mission première de côté pour explorer le « fleuve d’argent ».
Sur le trajet le long de la côte américaine, le navire amiral de Caboto fait naufrage au large de l’île de Santa Catarina (située à mi-chemin entre São Paulo et Porto Alegre). Cet évènement (qui semble montrer que le Vénitien est un piètre navigateur), couplé à l’abandon de la mission confiée par le roi, déclenche l’opposition de Martin Méndez, Miguel de Rodas et Francisco de Rojas. Caboto mâte la mutinerie et abandonne les trois hommes officiers (et possiblement quelques autres) sur l’île de Santa Catarina. [20]

Sur le trajet de retour, Caboto se serait arrêté pour récupérer les hommes, mais n’aurait trouvé que leurs armes. La légende voudrait qu’ils aient été dévorés par le peuple cannibale vivant sur l’île. Selon la mère de Martín Méndez, Caboto les aurait même livrés au chef autochtone, sachant pertinemment qu’il s’agissait de cannibales.
Hernán Méndez, le frère de Martín, meurt de maladie durant l’expédition, tandis qu’Andrés de Villoria survit. [21]

À son retour en Espagne en 1530, Sebastiano Caboto est poursuivi en justice par le roi, la famille de Martín Méndez et Francisco de Rojas. [22] Le Vénitien est condamné par le Conseil des Indes le 1er février 1532 pour désobéissance, mauvaise gestion et pour avoir causé la mort d’officiers placé sous ses ordres. Cependant, la peine de deux ans d’exil à Oran ne sera jamais exécutée.

 

 

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________

[1] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930)
Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911)
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #170

[2] Gumma y Marti, Quatrième centenaire du premier voyage autour du monde, lors de la Semaine internationale des géographes, des explorateurs et des ethnologues (1922), p.60

[3] Bernal, Sucesos desafortunados de la Expedición (2015)

[4] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVIII, p.208 : « Martín Méndez, que fué por escribano de la nao Vitoria y vino en ella por contador »

[5] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[6] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres (Dans un document officiel de 1531, elles déclarent avoir respectivement 23 et 20 ans)
Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.252 & p.358
Via Wikipedia (EN) : Magellan Expedition
– Kelsey, The First Circumnavigators : Unsung Heroes of the Age of Discovery (2016), p.144

[7] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[8] Liste des 108 quartiers de Séville (Wikipedia ES)
Le terme de « collación » est un mot ancien pour désigner un quartier (barrio) ou une paroisse (parroquia).

[9] Voir la « collación San Martín » sur cette carte présentant les paroisses traditionnelles de Séville (Wikipedia ES), ou sur celle-ci datant du XVIe siècle (collación n°21, même si le nom n’apparaît pas directement sur la carte).

[10] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.23
Castro, Hamon et Thomaz, Le Voyage de Magellan 1519-1522 (éd. 2010), p.631 : « Livre de la nef Victoria rapportant les traités de paix & amitiés entre les rois, rédigé par Martín Méndez ».

[11] La caxeta énoncée dans le texte original désignait sans doute un genre de cassette, bien que le terme ne semble plus exister de nos jours.
Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico  Hernando de Magallanes y sus compañeros documentos (1852-1930), LX, p.139 et p.141

[12] Un « taleguita » est une sorte de sac. Le terme « talengonitos » ne semble plus usité de nos jours ; il s’agit peut-être d’un petit sac, peut-être une bourse.
Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico  Hernando de Magallanes y sus compañeros documentos (1852-1930), LIX, p.138

[13] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVIII, p.228

[14] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[15] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.382 ; citant Antonio de Herrera y Tordesillas, Historia general de los hechos de los Castellanos en las islas y tierra firme del Mar Océano que llaman Indias Occidentales (1601-1615), Decada III, Libro IV, Capitulo XIV

[16] Pour plus d’informations sur le Traité de Tordesillas, se reporter au billet : Les Philippines et la question du Traité de Tordesillas

[17] Denucé, Magellan. La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.252

[18] Selon l’historien espagnol Tomás Mazón Serrano, un autre survivant de l’expédition Magellan-Elcano aurait participé à celle de Caboto : l’ancien mousse (grumete) Juan de Santandrés.
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres (note 4)

[19] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[20] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[21] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres

[22] Francisco de Rojas aurait réussi à survivre et à s’enfuir sur le continent. Là, il aurait rencontré l’expédition de Diego García de Moguer avec qui il serait revenu en Europe.
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – Sus Mujeres (note 6)

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