Au matin, alors que l’armada s’apprête à lever l’ancre, le raja Colambu informe Magellan qu’il est disposé à servir lui-même de pilote jusqu’à Cebu. Cependant, le souverain se doit de demeurer en son pays quelques jours afin d’assurer les récoltes ; il invite d’ailleurs Magellan à lui fournir des hommes afin d’accélérer le processus. Le capitán general accède à sa demande et envoie des hommes. Mais il s’avère que Colambu et Siagu ont tellement festoyé qu’ils sont incapables de donner quelque ordre que ce soit, « soit que leur santé en eût été altérée, soit par suite d’ivresse » (dixit Pigafetta), et les Européens se trouvent désœuvrés pour la journée. [1]
Les récoltes (notamment du riz), vont au final se dérouler sur les deux jours suivants. [2]
En ce vendredi de la croix, Magellan et Colambu, raja de Limasawa, décident de fraterniser en mélangeant leurs sangs. Tous deux se saignent de la poitrine, le récupère dans une coupe, y mêlent du vin, et en boivent chacun la moitié. [1]
Selon certaines sources, c’est le Portugais qui aurait initié la cérémonie. Il aurait en effet entendu parler de cette coutume répandue en Asie du sud-est, et connue sous le nom de casi casi, et aurait ainsi souhaité sympathiser avec les locaux en partageant leurs us. [2]
Après avoir quitté Homonhon le lundi 25 mars 1521, la flotte a mis le cap vers l’ouest-sud-ouest et finit par arriver en vue de Leyte, dont elle commença à longer la côte. Mais une tempête les envoya vers le sud, dans le détroit de Surigao, et ils décidèrent dès lors de ne naviguer que de jour pour plus de sécurité. [1]
Dans la nuit du mercredi au jeudi, alors qu’ils se trouvent vers Panaon, au sud de Leyte, ils aperçoivent des feux provenant d’une île située plus à l’ouest.
Au matin, ils s’approchent de Limasawa et voient bientôt apparaître une embarcation avec huit hommes à bord. Henrique s’adresse à eux en malais avec succès. Cependant, les indigènes refusent de venir à bord et demeurent à distance respectable. Afin de les attirer, Magellan leur lance des objets attachés à une planche. Les autochtones s’en emparent avec une satisfaction évidente avant de repartir. [2]
Deux heures plus tard arrivent deux balangays chargés d’hommes. Le plus grand des deux est surmonté d’une sorte de dais sous lequel se trouve le roi local. Henrique converse avec le souverain et lui propose de monter à bord ; celui-ci ordonne à quelques accompagnateurs de monter sur la caraque mais demeure lui-même sur son embarcation. Magellan leur offre quelques présents avant qu’ils ne s’en retournent. Voyant cela, le roi veut donner à son tour un lingot d’or et une corbeille de gingembre, que le capitaine portugais refus. Le roi et sa suite s’en retournent alors.
En soirée, les trois navires européens mouillent près de la demeure royale. [3]