Début de la traversée du Pacifique

 

Dimanche 16 décembre 1520
Au large de la côte chilienne

De la fin novembre à la mi-décembre, la flotte va remonter le long de la côte chilienne au lieu de partir vers l’ouest en direction des Moluques.

Le journal de Ginés de Mafra précise que Magellan a donné l’ordre de naviguer vers le nord pour atteindre des latitudes plus clémentes. [1] Il apparaît logique que le Portugais cherche à quitter les latitudes hostiles du sud avant d’entamer la traversée du Mar del Sur, où aucun Européen ne s’est encore aventuré.
L’embouchure occidentale du détroit se situe par 52° S (à la même latitude que l’embouchure orientale), soit dans les Cinquantièmes Hurlants. Les navires vont cheminer en direction du nord (tantôt NE, tantôt NW, en fonction du vent) pendant une vingtaine de jours, jusqu’à avoir franchi le quarantième parallèle (ce qu’ils font le jeudi 13 décembre).

Le dimanche 16 décembre, alors que l’armada se trouve par 36,5° S (à environ 160 km de Concepción, Chili), et navigue NNW, elle perd définitivement la terre de vue. (Les navires se trouvent alors à peu près à la latitude du Río de la Plata, qu’ils ont exploré en janvier 1520, soit il y a presque un an)
Il faut encore attendre les 22-23 décembre pour que la flotte oblique réellement et définitivement vers l’ouest (soit parce que Magellan souhaitait s’assurer une marge de manœuvre pour éviter de retomber dans les Quarantièmes Rugissants, soit parce que l’orientation du vent leur avait jusqu’à présent imposé cet itinéraire). [2]

Lire la suite »

Entrée dans le Pacifique

 

Fin novembre 1520
Détroit de Magellan (Chili)

L’armada repart en direction du nord-ouest. Après avoir contournée l’île Carlos III (Isla Carlos III) (sans doute par le nord, où le passage est suffisamment large), elle pénètre dans la partie la plus étroite du détroit.
Une sorte de long canal s’étire en effet sur approximativement 75 km (~40 NM), enchaînant le paso Tortuoso et le paso Largo. La majeure partie de ce goulet se trouve coincé entre l’île Santa Inés (isla Santa Inés) au sud, et la péninsule Cordoba, extrémité de l’île Riesco (isla Riesco), au nord. Ginés de Mafra indique que l’endroit fait au maximum 3 à 3,5 lieues de large (~20 km, 10 NM), [1] mais en certains endroits, il y a à peine 3 km (1 NM) entre les deux rives. Ceci peut paraître très suffisant pour naviguer, mais il convient de rappeler qu’autour des navires s’élèvent des montagnes couvertes de forêts, et parfois enneigées. Le plafond nuageux est souvent bas. Les eaux sombres présentent une profondeur inégale, qui les conduit à longer plutôt la côte nord. De fait, les marins doivent avoir l’impression de progresser au sein d’une immense gorge, les lieux leur paraissant plus étroits qu’ils ne sont en réalité.

Lire la suite »

Consultation des officiers

 

Mercredi 21 novembre 1520
Détroit de Magellan (Chili)

En cette fin novembre, Fernão de Magalhães semble inquiet.
Certes il a fini par trouver la sortie vers le Pacifique, et par conséquent atteint le but qu’il s’était fixé : contourner le contient américain par le sud et trouver une route vers l’ouest pour les Moluques, les « îles aux épices ».
Mais les vaines recherches pour retrouver le San Antonio, qui a déserté lors de l’exploration du détroit, l’amènent à se poser des questions sur la suite du voyage. Les hommes sont éprouvés, les vivres à un niveau alarmant, et les navires ont beaucoup souffert des rudes conditions de navigation dans les mers australes.

C’est ainsi que lui, le capitán general, connu pour sa rudesse et son intransigeance, lui dont l’autorité est parfois jugée tyrannique, lui qui dès le début du voyage est entré en conflit avec ses capitaines de vaisseaux parce qu’il refusait de communiquer la route, le voilà qui à présent en vient à demander l’avis de ses officiers.

Lire la suite »

Aperçu de l’embouchure

 

Mardi 11 novembre 1520
Baie Fortescue, Détroit de Magellan (Chili)

Tandis que le San Antonio et la Concepción partent explorer l’embranchement sud-est, la Trinidad et la Victoria s’engagent vers le sud-ouest, dans ce qui est aujourd’hui le paso del Hambre. Longeant la côte ouest de l’île Dawson, ils vont contourner la péninsule de Brunswick par le sud et passer devant l’éperon rocheux du cap Froward, extrémité sud de la partie continentale de l’Amérique (le reste des terres à cet endroit est constitué de nombreuses îles, dont la petite île d’Horn et son mythique cap (dans l’archipel de L’Hermite), environ 350 km plus au sud-est). [1]

Lire la suite »

Désertion du San Antonio

 

Jeudi 8 novembre 1520
Détroit de Magellan (Chili)

Les quatre navires arrivent à une jonction entre deux bras de mer. Magellan envoie le San Antonio et la Concepción explorer l’embranchement sud-est tandis que lui-même part sud-ouest avec la Trinidad et la Victoria.

À ce moment-là, ils se trouvent vraisemblablement au nord de l’île Dawson (Isla Dawson). Le passage sud-est est le Paso Boquerón ; en l’empruntant, on peut apercevoir la baie Inutile (Bahía Inútil) à l’est et continuer plein sud dans le canal Whiteside. Celui-ci ne débouche que sur une multitude de fjords situés à l’intérieur de la Terre de Feu (Tierra del Fuego), dont le plus grand est le fjord Almirantazgo (Fiordo Almirantazgo) au sud-est.
Cet itinéraire constitue donc un cul-de-sac.

Carte - Chili Detroit Magellan -Secteur Central 1
Carte du secteur central du Détroit de Magellan – Embranchement sud-est

Lire la suite »

Découverte du détroit

 

Dimanche 21 octobre 1520
Pointe Dungeness (Argentine–Chili)

Les trois jours qui suivent le départ de Santa Cruz sont marqués par une navigation difficile, notamment par des vents contraires qui obligent l’armada à louvoyer. [1] Elle va ainsi parcourir une distance beaucoup plus importante que les 250 km qui séparent Santa Cruz du Cap des Vierges (les sources varient trop pour avoir une indication fiable [2] ).
La flotte arrive à une bande de terre qui marque l’embouchure d’une sorte de canal qui s’enfonce dans les terres. Cette pointe de sable (punta de arena), située à 52°S, est nommée Cabo Vírgenes en l’honneur de Sainte Ursule, fêtée en ce jour. [3]
Selon les relevés de Francisco Albo, l’embouchure mesure 5 lieues de large (~ 30 km) entre les deux rives. [4]
Sur les cartes actuelles, le Cap des Vierges constitue une avancée de terre dans l’océan Atlantique, tandis que la Pointe Dungeness (Punta Dúngeness), située moins de 10 km au sud-ouest, marque réellement l’entrée du détroit. Un phare y a été installé en 1899, côté chilien.

 

Argentine-Chili - Pointe Dungeness - vue aérienne 2009
Vue aérienne de la Pointe Dungeness, avec l’Océan Atlantique à gauche et le Détroit de Magellan à droite ©Max Reichenbauer, 2009 (CC BY 4.0)

Lire la suite »