Nationalité | Flamand |
Origine | ~1498 – Bruges (Belgique) [1] |
Alias | Roldán de Argote [2] Roldán de Argot [3] Roldan d’Argot [4] Roldán de Arbot (Arbote) [5] Roldán [6] |
Navire | Concepción, puis Victoria |
Fonction | Bombardier (Lombardero) |
Note(s) | Fils de Miguel de Argote et Leonor [7] |
Destin | Survivant – Prisonnier du Cap-Vert |
Fait prisonnier au Cap-Vert lors du voyage de retour de la Victoria, Roldán de Argote est libéré quelques mois plus tard et rentre en Espagne. |
Roldán de Argote est né à Bruges, dans la province de Flandre-occidentale, en Belgique. Il y serait né vers 1498 (et aurait donc eu environ 21 ans au moment d’embarquer). [8]
À l’époque, Bruges se trouve dans le comté de Flandres, au sein des Pays-Bas habsbourgeois, qui sont dirigés par l’empereur Maximilien Ier de Habsbourg, suite à son mariage avec Marie de Bourgogne. Leur petit-fils Carlos Ier d’Espagne, futur empereur Charles Quint, naît à Gand, dans le comté de Flandres.
Roldán est un nom espagnol, équivalent du « Roland » français (Roland ou Roeland en néerlandais). Son père est prénommé Miguel et sa mère Leonor, des prénoms espagnols. Il est possible que ce soient les fonctionnaires de la Casa de Contratación qui aient hispanisés ces noms, car on ne parlait pas le castillan en Flandres (mais plutôt un mélange de Français, de Néerlandais et de Latin).
Néanmoins, son père (qui vivait à Bruges) était peut-être originaire d’Argote, dans la province de Burgos, en Castille-et-León ; ce qui ferait de lui un Espagnol expatrié. Il aurait aussi pu venir d’Arbot, dans le département de la Haute-Marne, en région Grand Est ; ce qui ferait de lui un Français (soit Michel d’Arbot et son fils Roland d’Arbot).
À noter tout de même qu’un nombre significatif de bombardiers au sein de l’armada étaient d’origine française : sur les 15 que comptait l’armada, 6 sont Français et 2 (dont Roldán) l’étaient peut-être.
La variante « Roldán de Argote » est celle retenue dans la version « rectifiée » des archives officielles, datant de 1815 et réalisée par Don Ventura Collar y Castro, officier supérieur et archiviste des Archives Générales des Indes.
Lors du procès de Ximón de Burgos, il est précisé qu’il a « signé de son nom – Roldan de Arbot » (e firmólo de su nombre. Roldan de Arbot). [9] L’homme savait donc a minima écrire son nom, ce qui n’était pas forcément courant à l’époque.
Roldán de Argote embarque comme bombardier (lombardero) à bord de la Concepción.
Dans le détroit de Magellan, alors que la Trinidad et la Victoria sont ancrées dans la baie des Sardines, Magellan décide d’envoyer un petit détachement en reconnaissance. Celui-ci est composé de Roldán de Argote, Hernando de Bustamante et Ocacio Alfonso.
Les trois hommes vont apercevoir la sortie du détroit en gravissant une montagne.
Cependant, l’identité de celui qui a aperçu l’embouchure demeure sujette à interrogation. Il existe un Monte Campaña de Roldan qui semble avoir été nommé en l’honneur du marin ; mais les archives de la Casa de Contratación stipulent que de l’argent a été versé à « Ocañoa y a Hernando de Bustamante » pour avoir découvert le détroit. [10]
Lorsque la Concepción est incendiée à Bohol (02/05/1521), il semble que Roldán de Argote n’ait déjà plus été à bord (il a possiblement été transféré sur la Victoria dès le départ de San Julián, même si celui-ci n’est pas mentionné).
Il se trouve à bord de la Victoria lorsque celle-ci quitte Tidore (Moluques), samedi 21 décembre 1521.
Sur le trajet du retour, la Victoria est contrainte de marquer un arrêt au Cap-Vert pour avitailler, bien que l’archipel soit une possession portugaise. Treize marins sont faits prisonniers, dont Roldán.
L’intervention du roi Carlos permettra leur libération.
Cependant, si la majorité revient en Espagne le mercredi 15 octobre 1522, trois marins vont demeurer dans les geôles portugaises jusqu’en juin 1523 (pour un total de cinq mois et vingt-deux jours) : Roldán de Argote, Ocacio Alfonso de los Lagares et Ximón de Burgos. [11]
La raison n’est pas précisée, mais il est permis de spéculer : Roldán et Ocacio faisaient partie du détachement qui a entrevu l’embouchure du détroit de Magellan ; il est possible que les Portugais les aient gardés pour les interroger. (Quant à Ximón de Burgos, celui-ci était Portugais, et il semble que les autorités lusitaniennes aient tenté de le faire changer de camp).
À l’arrivée de la Victoria à Séville (08/09/1522), les possessions des marins sont triées et cataloguées. Dans cette liste, on trouve une petite boîte, fermée, ainsi que diverses choses « dont on dit qu’elles appartiennent à Roldán, bombardier, resté au Cap-Vert ». [12]
Roldán de Argote sera plus tard amené à témoigner en faveur de Ximón de Burgos : celui-ci est en effet accusé d’être responsable de la capture des treize marins.
Afin de prouver son innocence, il fait témoigner Gómez Hernández, Pedro de Tolosa et Roldán de Argote, le 22 avril 1523 à Séville, devant plusieurs représentants du roi. Ses trois compagnons de cellule au Cap-Vert vont le disculper, indiquant que, durant leur séjour dans les geôles portugaises, le facteur (fator) du roi du Portugal présent sur place avait dédouané Ximón de Burgos de toute responsabilité quant à leur capture. Gómez Hernández précise également que le même fator a tenté de corrompre Ximón : risquant la pendaison à son retour en Espagne (il n’était pas certain qu’il puisse prouver son innocence), il lui fut proposé de rejoindre le Portugal. Ce que visiblement il refusa.
Le procès-verbal nous apprend que Roldán de Argote est devenu marchand. [13]
Quelques années plus tard, une nouvelle expédition à destination des Moluques est organisée, avec à sa tête García Jofre de Loaísa. La mission consiste à établir une colonie aux Moluques et à rechercher la Trinidad, dont on est sans nouvelles depuis sa séparation d’avec la Victoria en décembre 1521.
Roldán de Argote fait partie du voyage au même titre que d’autres vétérans de l’expédition Magellan-Elcano : Juan Sebastián Elcano (commandant en second), Hernando de Bustamante, Hans Alemán et Juan de Menchaca.
Sept navires quittent La Corogne en juillet 1525 et atteignent les côtes patagonnes en janvier 1526. Seuls quatre navires entrent dans le Pacifique le 26 mai 1526, mais le mauvais temps les séparent et ils ne parviendront jamais à se regrouper. Seule la Santa Maria de la Victoria parvient à atteindre les Moluques ; Loaísa est décédé dans le Pacifique le 30 juillet 1526, suivi le 4 août par Elcano.
Sur place, les Portugais ont construit une forteresse sur l’île de Ternate et des affrontements réguliers vont avoir lieu. Lors de l’un d’eux (possiblement en 1529), Roldán de Argote est touché au visage (ou à la mâchoire) par une balle. On ignore s’il survécut ou non à cette blessure, mais il ne revint jamais en Espagne, contrairement à ses camarades qui furent rapatriés à Lisbonne par les Portugais le 26 juin 1536. [14]
< Retour au listing des équipages
________
[1] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLVIII, p.80 & LXVIII, p.210 : « natural de Flandes, en Brujas »
Bernal, Relación de expedicionarios que fueron en el viaje a la Especiería, sus procedencia, cargos y sueldos (2014), p.15 : « Flandes, en Brujas »
Denucé, Magellan – La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.239 note 1 « de Bruges » & p.381 note 1 « né à Bruges »
Peillard, Magellan / Antonio Pigafetta (1984), p.297 : « né en 1498 à Bruges »
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #145 : « Brujas, Flandes, Bélgica »
[2] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLVIII, p.80 & LXVIII, p.210
Bernal, Relación de expedicionarios que fueron en el viaje a la Especiería, sus procedencia, cargos y sueldos (2014), p.15
Bernal, Relación de la gente que llevó al descubrimiento de la Especiería (2014), p.19 & p.29
Navarrete, Historia de Juan Sebastián del Cano (1872), p.270
Denucé, Magellan – La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.239 note 1 & p.381 note 1
Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #145
[3] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVII, p.203
[4] Gumma y Marti, Quatrième centenaire du premier voyage autour du monde, lors de la Semaine internationale des géographes, des explorateurs et des ethnologues (1922), p.60
[5] Medina, El Descubrimiento del Océano Pacífico Hernando de Magallanes y sus Compañeros : Información hecha a instancia de Simón de Burgos (1920)
[6] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXIV, p.173
[7] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLVIII, p.80 & LXVIII, p.210 : « hijo de Miguel de Argote é Leonor »
Bernal, Relación de expedicionarios que fueron en el viaje a la Especiería, sus procedencia, cargos y sueldos (2014), p.15 : « hijo de Miguel de Argote y Leonor »
[8] Lors du procès intenté par Ximón de Burgos, le 22 avril 1523, il déclare avoir plus ou moins 25 ans.
Medina, El Descubrimiento del Océano Pacífico Hernando de Magallanes y sus Compañeros : Información hecha a instancia de Simón de Burgos (1920) : « e dixo ques de edad de veinte e cinco años, poco más o menos ».
Denucé, Magellan – La question des Moluques et la première circumnavigation du globe (1911), p.239 note 1 & p.381 note 1
Peillard, Magellan / Antonio Pigafetta (1984), p.297
[9] Medina, El Descubrimiento del Océano Pacífico Hernando de Magallanes y sus Compañeros : Información hecha a instancia de Simón de Burgos (1920)
[10] Pour plus d’informations sur le sujet, se reporter au billet 1520.11.11 – Aperçu de l’embouchure
La colline ou montagne en question est indiquée sur diverses cartes de la Renaissance comme celles de Diogo Ribeiro (1529) ou Battista Agnese (1544).
[11] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #145
Via Wikipedia (NL) : Roldan de Argote
[12] La caxeta énoncée dans le texte original désignait sans doute un genre de cassette, bien que le terme ne semble plus exister de nos jours.
Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico Hernando de Magallanes y sus compañeros documentos (1852-1930), LX, p.142
[13] Medina, El Descubrimiento del Océano Pacífico Hernando de Magallanes y sus Compañeros : Información hecha a instancia de Simón de Burgos (1920) : « El dicho Roldan de Arbot, flamenco mercader »
[14] Mazón Serrano, La Primera Vuelta al Mundo – La Tripulación, #145
Via Wikipedia (NL) : Roldan de Argote
Via Wikipedia (EN) : Andrés de Urdaneta