Début Mai 1520
Puerto Santa Cruz (Argentine)
Environ un mois après la mutinerie de Pâques, Magellan décide de profiter d’une accalmie des tempêtes qui balayent la région pour envoyer João Serrão et le Santiago en reconnaissance. Il est convaincu que le passage tant espéré vers l’ouest ne se trouve plus très loin au sud.
Comme le reste de la flotte, le Santiago a été réparé durant le mois d’avril. [1] Il s’agit du plus petit des cinq navires ; agile et rapide, cette caravelle a été intégrée à l’armada justement dans le but d’effectuer ce type de mission.
Après avoir parcouru quelques vingt ou trente lieues suivant les sources [2], Serrão découvre l’embouchure du Río Santa Cruz. [3]
L’endroit est plus abrité que la baie de San Julián, et on y trouve du poisson, des manchots et du bois. [4]
Le navire stationne environ une semaine dans l’estuaire (six jours selon Raul Peralta [5] ), et en profite pour avitailler en poisson et en otaries. [9]
Les dates concernant cette exploration sont incertaines.
Certaines sources parlent en effet d’un départ de San Julián le jeudi 3 mai 1520, voire d’une exploration du fleuve à cette date. [6]
Aucune de ces sources ne précise d’où elle tient cette date, car aucun document d’époque ne la mentionne. Il faut donc conjecturer.
Il fait peu de doutes que le naufrage du Santiago a lieu le mardi 22 mai 1520, après trois jours de tempête, soit un départ de Santa Cruz le 20 mai (confirmé par plusieurs sources [7]). L’escale ayant duré 6 jours, cela revient à une arrivée à Santa Cruz aux environs du 14 mai. En partant du postulat que le Santiago a navigué à la même vitesse que la flotte depuis son départ du Río de Solis (Río de la Plata), il aurait dû couvrir la distance entre San Julián et Santa Cruz en à peu près 3 jours, 4 maximum. Ce qui nous amène à un départ de San Julián aux environs du 10-11 mai. Ce qui laisse un gap d’environ une semaine avec la date du 3 mai 1520. Soit cette date est erronée, soit les conditions météorologiques étaient réellement très mauvaises, si bien qu’il leur a fallu le double de temps pour parcourir cette faible distance.
L’erreur semble tout de même à privilégier dans la mesure où, fin août 1520, Magellan déplacera la flotte de San Julián vers Santa Cruz, pour y poursuivre l’hivernage ; le journal de bord de Francisco Albo est alors très clair : il ne leur faut que deux jours pour parcourir la distance qui sépare les deux lieux (soit du 24 au 26 août).
Certaines sources parlent aussi d’un naufrage le 3 mai, ce qui est peu probable (mais il s’agit peut-être juste d’une confusion liée à la manière dont le récit est narré).
Jules Verne place lui le naufrage après le 24 août, « à la hauteur du Cap Sainte-Croix », [8] indiquant que le Santiago est reparti avec toute la flotte ; ce qui est impossible compte tenu des évènements qui suivirent ce naufrage.
< La mutinerie de Pâques : L’Enquête | Naufrage du Santiago >
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[1] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.476
Sir Stanley, The First Voyage Round the World : The Genoese Pilot’s Account of Magellan’s Voyage (1874)
[2] Albo parle lui de trente lieues (« y obra de 30 leguas ») – Bernal, Derrotero de Francisco Albo (2015), p.7
L’historien espagnol Eustaquio Fernández de Navarrete parle lui d’une vingtaine de lieues, et semble reprendre l’information du journal de Ginés de Mafra (« esta veinte leguas del de Sant Julián ») – Navarrete, Historia de Juan Sebastián del Cano (1872), p.47-48
Les deux mesures sont plausibles : les 20 lieues (soit environ 120 km, 65 NM) correspondent à un trajet « optimisé », au plus près de la côte. Or, il a été maintes fois précisés que la flotte ne naviguait pas trop proche du rivage, à cause des tempêtes et des bancs de sables qui risquaient de les faire échouer. Cependant, les 30 lieues (soit environ 180 km, 100 NM) semblent elles excessives, à moins que le navire n’ait été attiré très loin en mer, ce qui n’est pas précisé. La réalité se trouve possiblement entre les deux (25 lieues, soit ~150 km, 80 NM).
[3] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.476
Via Wikipedia (EN) :
– Bergreen, Over the Edge of the World: Magellan’s Terrifying Circumnavigation of the Globe (2003), p.155-156
[4] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.476
Via Wikipedia (EN) :
– Cameron, Magellan and the first circumnavigation of the world (1974), p.116-117
[5] Raul Peralta, « La Opinión Austral »
[6] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.476
Via Wikipedia (EN) :
– Bergreen, Magellan (2003), p.155-156
– Cameron, Magellan and the first circumnavigation of the world (1974), p.116-117
[7] Voir notamment : Navarrete, Historia de Juan Sebastián del Cano (1872), p.47-48
[8] Verne, Les grands voyages et les grands voyageurs. Découverte de la terre – Chapitre II : Premier voyage autour du monde (1878), p.309
[9] Ginés de Mafra, Libro que trata del descubrimiento del Estrecho de Magallane (1542), p.191