Nationalité | Génois |
Origine | Sestri Ponente ou Sestri Levante (Ligurie, Italie) ? |
Alias | Juan Baptista de Pinzorol [1] Juan Bautista de Punzorol [2] Juan Bautista Ponzolón [3] Juan Bautista [4] Juan Bautista de Punçorol / Puncerol / Punceron [5] Iohan Bautista [6] Bautista Genovés Batista da Ponçoron / Baotista da Poncorón [7] Bautista da Ponceró [8] Giovan Battista Ponzoroni [9] Giovanni Battista Ponzoroni [10] |
Navire | Trinidad |
Fonction | Maître de Bord (Maestre) |
Note(s) | Époux de Blanca [11] Père de Domenico Battista da Ponzoroni (marin, Santiago) [12] |
Destin | Décès (1525-1526) |
Meurt dans les geôles portugaises au Mozambique. [13] |
Giovanni Battista da Ponzoroni est connu sous de très nombreux alias, si bien qu’il s’avère compliqué d’extraire son véritable nom, aucun ne faisant consensus.
Selon Angela Codazzi, les variantes orthographiques « Ponçoron » et « Poncorón » indiquent que sa famille pourrait être originaire de Pontecurone (sur le ruisseau Curone entre Staffora et Scrivia), puis s’est peut-être déplacé des Apennins vers Sestri Levante (ville qui appartient aujourd’hui à la métropole génoise). Tomás Mazón Serrano penche lui pour Sestri Ponente, aujourd’hui quartier de la ville de Gênes, dont l’importance à l’époque le conduit à penser que la simple mention « Cestre (Sestri) » renvoie à Ponente (ou Poniente). La seule chose dont on soit sûr est qu’il est né en République de Gênes, même si la date demeure inconnue.
Ponzoroni a signé des documents « da Ponçoron » (ou « da Poncoron ») ; on peut y voir une forme de « Ponçoroni » avec élision du « i » final (comme par exemple en corse, ou le « i » n’est jamais prononcé. Ex : Santoni devient « Santon » à l’oral). Ponçoroni est phonologiquement proche de Ponzoroni (sachant que le « ç » n’existe pas et que le « z » peut être, dans certains cas, prononcé « ts », « Pontsoroni (/Ponçoroni) »). Enfin, en ligure (langue de la région génoise), le « da » indique la provenance, l’origine (« de »).
Au sein de l’armada, il fait également embarquer son fils Domenico (ou Domingo) comme matelot à bord du Santiago, alors que lui-même est maître de bord de la Trinidad, le vaisseau amiral.
De sa vie à bord, on ne sait rien jusqu’aux Moluques, où la Victoria et la Trinidad se séparent ; lui choisit de demeurer sur le second navire, qui doit être réparé avant de pouvoir reprendre la mer, tandis que son fils part avec la Victoria commandée par Juan Sebastián Elcano.
La raison de cette séparation n’est pas connue. Que Giovanni reste sur le vaisseau dont il est le maître de bord paraît logique. Concernant Domenico, il semble qu’il se trouvait sur la Victoria suite au naufrage du Santiago dans le Río Santa Cruz (22 mai 1520). Cependant, il n’est pas exclu de penser que le père l’a incité à partir, y voyant là de plus grandes chances de survie pour son fils : d’une part, la Victoria allait emprunter un itinéraire relativement connu jusqu’en Espagne (la route des Indes était pour ainsi dire un chemin balisé, pour ne pas dire une autoroute) ; d’autre part, le délai avant que la Trinidad ne puisse être remise à flot était incertain, et les membres de l’expédition se savaient pourchassés par une flotte portugaise menée par Antonio de Brito.
Au final, la Trinidad ne repartira des Moluques que six mois plus tard, et pour un voyage cauchemardesque qui la ramènera à son point de départ. Cependant, Domenico décèdera lui sur le chemin du retour en Espagne, le long de la côte guinéenne, le 14 juin 1522 (moins d’un mois avant l’escale au Cap-Vert (9 juillet 1522), où l’avitaillement sauvera la vie de sans doute nombre de marins).
Après avoir effectué les réparations sur la Trinidad, Gonzalo Gómez de Espinosa décide de tenter de retraverser le Pacifique en direction de Darién (région du sud du Panama actuel).
Le navire quitte Tidore le 6 avril 1522. Mais très vite, le voyage tourne au cauchemar : des tempêtes le ralentissent et occasionnent de la casse ; les hommes sont décimés par le scorbut et la dysenterie. Après avoir perdu 30 de ses 50 marins, la Trinidad fait demi-tour pour revenir aux Moluques, qu’ils atteignent finalement sept mois après en être partis. [14]
Les 17 survivants (car, sur le retour, un homme a déserté aux Mariannes et deux autres sont morts en tentant de faire de même) sont arraisonnés au niveau de Benaconora (aujourd’hui la ville de Jailolo sur l’île d’Halmahera aux Moluques) [15] par la flotte d’Antonio de Brito, que le roi Manuel Ier du Portugal avait envoyé vers l’est pour intercepter les navires de Magellan. Suivant certaines sources, c’est un équipage désespéré (ou un Espinosa trop confiant) qui aurait demandé l’aide des Portugais (de Brito mentionne lui 16 survivants sur les 53 du départ [16] ).
La Trinidad est remorquée jusqu’à Ternate (où les Portugais ont entamé la construction d’une forteresse) ; là une tempête provoque le naufrage du navire dans la rade.
Ponzoroni et ses compagnons y sont faits prisonniers et détenus pendant quatre mois, avant d’être transférés aux îles Banda (Moluques, Indonésie) le 15 février 1523. Ils passeront ensuite cinq mois à Malacca (Malaisie), avant d’atterrir à Cochin (Kochi, Inde) en novembre 1524, où ils séjourneront dix mois. Leurs conditions de détention sont rudes (ils meurent littéralement de faim [17] et ne doivent leur salut qu’à l’aide d’étrangers [18] ).
Celui-ci trouve néanmoins les ressources nécessaires pour s’évader en compagnie de Leone Pancaldo (un autre génois), et tous deux grimpent à bord d’un navire portugais qui repartait en Europe. Mais finalement découverts, leur voyage s’arrête au Mozambique, où les Portugais possèdent des comptoirs (d’autres sources indiquent qu’ils passent l’hiver au Mozambique avant d’être découverts [19] ; la seule explication est qu’on les savait génois lors de leur embarquement à Cochin, mais on ignorait alors qu’ils étaient des prisonniers évadés. Ce qui demeure tout de même assez nébuleux). Il semble qu’ils auraient dû être renvoyés aux Indes via un navire en provenance du Portugal, mais que les deux Italiens ont finalement été ramenés au Mozambique. [20]
Ils y passent deux ans, au cours desquels ils parviendront à envoyer deux courriers, datés des 20 et 25 octobre 1525 et signés « Batista da Ponçoron y León Pançado, maestre y piloto » [21] : le premier à destination d’un ecclésiastique (peut-être l’archevêque Juan Rodríguez de Fonseca, qui avait soutenu le projet) ; le second à l’attention de l’empereur Charles Quint lui-même. Ils y racontent leurs mésaventures et prient ces hommes influents de les rapatrier en Espagne. Ces appels à l’aide resteront lettre morte ; il est même vraisemblable qu’ils n’aient jamais atteint leurs destinataires. [22]
Peu de temps après, fin 1525–début1526, Giovanni Battista da Ponzoroni décède au Mozambique.
Lorsque les Portugais s’emparèrent de la Trinidad, ils saisirent le journal de bord qui servit par la suite à composer le Navegaçam e vyagem que fez Fernando de Magalhaes de Sevilha pera Maluco no anno de 1519 (généralement connu sous le nom de Roteiro del pilota genovese). Il s’agit de la seule source d’information concernant les vicissitudes de la Trinidad après sa séparation d’avec la Victoria.
Ce document, rédigé en portugais (et possiblement aux Indes), précise qu’il est en grande partie basé sur le journal d’un pilote génois, sans mentionner son nom. [23] Or, l’identité de celui-ci n’est toujours par tranchée, chaque source ayant son favori, arguant même qu’il ne fait aucun doute sur son identité.
Certains sont sûrs qu’il s’agit de Leone Pancaldo (qui était marin, puis pilote de la Trinidad) [24] ; d’autre qu’il s’agit de Giovanni Battista da Ponzoroni (qui était maître de bord de la Trinidad). [25] Le fait que ledit journal contienne énormément de données techniques de positionnement (itinéraires, positions, distances) fait pencher la balance en faveur du premier.
Cependant, une autre hypothèse suggère que Ponzoroni serait l’auteur du journal, mais qu’il y aurait surtout retranscrit ce que lui indiquait Pancaldo.
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[1] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLV, p.70
[2] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVII, p.199
Serrano, La tripulación (#4)
[3] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVI, p.196
[4] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXIII, p.161
Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970) : C’est aussi le nom qu’utilise Antonio de Brito, gouverneur portugais des Moluques, dans deux lettres du 11 février et du 6 mai 1523 à son roi, Jean III le Pieux (João III, o Piedoso).
[5] Ces noms sont ceux inscrits dans les documents officiels selon Angela Codazzi
Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
[6] Bernal, Relación de la gente que llevó al descubrimiento de la Especiería (2014), p.15
[7] Ces deux noms sont ceux avec lesquels il a signé les courriers envoyés en Espagne depuis le Mozambique.
Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
[8] C’est ainsi que le nomme Leone Pancaldo
Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014),
[9] Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014), citant Avonto, I compagni italiani di Magellano (1992), p.266-272
[11] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), XLV, p.70 & LXX, p.230
[12] Medina, El descubrimiento del Océano Pacífico : Hernando de Magallanes y sus compañeros (1852-1930), LXVIII, p.217
[13] Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014)
[14] Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014), citant Peragallo, Sussidi documentari per una monografia su L. P., dans Raccolta di documenti e studi pubblicati dalla R. Commissione Colombiana (1894), p.284 – « quando allegamos a las dichas tierras [de los reyes de Maluco] avía siete meses que andávamos por la mar ».
[15] Via Wikipedia :
– Miguel Ojeda, Gonzalo Gómez de Espinosa en la expedición de Magallanes (1958), p.21
Certaines sources parlent de Gamkonora, qui désigne un volcan de l’île (son plus haut sommet), situé à une vingtaine de kilomètres plus au nord.
[16] Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014)
[17] Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014), citant Peragallo, Sussidi documentari per una monografia su L. P., dans Raccolta di documenti e studi pubblicati dalla R. Commissione Colombiana (1894), p.288 : « muriéramos de hambre ».
[18] Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
L’auteure ne précise pas ce qu’elle entend par « l’aide d’étrangers » : s’agit-il d’autres prisonniers mieux traités ? S’agit-il de gens extérieurs, mais dans ce cas, comment ont-ils accès à la prison ?
[19] Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
[20] Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970) : « Scoperti, dovevano venir rispediti in India con una nave giunta dal Portogallo, ma ciò non poté effettuarsi ei due Italiani furono riportati a Mozambico senza roba né denari »
[21] Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014), citant Peragallo, Sussidi documentari per una monografia su L. P., dans Raccolta di documenti e studi pubblicati dalla R. Commissione Colombiana (1894), p.284-289
[22] Ces courriers seront retrouvés au XIXe siècle dans les archives nationales de la Torre do Tombo, à Lisbonne.
Codazzi, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.7, Battista Genovese (1970)
[23] Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014), citant Avonto, I compagni italiani di Magellano (1992), p.335 : « E isto foi tresladado de hum quaderno de hum piloto genoés, que vinha na dita nao, que espreveo toda a viage como aqui está ».
[24] Xavier de Castro, Le Voyage de Magellan (1519-1522) : la relation d’Antonio Pigafetta & autres témoignages (2007)
Donattini, Dizionario Biografico degli Italiani, vol.80, Leone Pancaldo (2014)
[25] Queirós Veloso, Revue d’histoire moderne : Fernao de Magalhaes, sa vie et son voyage (1939), p.471-472